Du 6 au 23 novembre, les corps vont parler : ce qu’il faut savoir de cette 15ᵉ édition.
Samuel et Louise apparaissent au loin. Lui est comme un Giacometti, tout en noir, sa démarche est aussi distinguée que discrète. De Louise, je ne vois que le visage, illuminé par un sourire franc. On s’installe à l’intérieur du Café Concorde : l’atmosphère chaleureuse tranche avec la fraîcheur du septembre toulousain.
Le programme m’est glissé sur la table ronde. Samuel Mathieu est directeur artistique du NeufNeuf Festival. Après avoir interprété la danse contemporaine, il devient chorégraphe en 2001, et signe la bande-son, la scénographie et la vidéo de ses pièces. Sa compagnie de danse diffuse le NeufNeuf Festival, qui du 6 au 23 novembre réunit des œuvres dans une dizaine de lieux toulousains et proches. De nombreuses questions et le thé au jasmin me brûlent les lèvres, mais Louise Lys, qui gère la communication, prend les devants.
— Merci d’avoir accepté de nous rencontrer, on est très heureux de pouvoir travailler avec toi.
Les sourires s’entrechoquent.
« Ce que vous verrez cette année est votre propre reflet. Ce seront vos corps, entrecroisés, entrechoqués, conjuguant parfois par le verbe, vos nécessités et impossibilités de dialogue, de communication, relevant le défi de l’impasse culturelle que le “média” fabrique, clivant nos mondes, déchirant nos empathies, nous distançant les uns des autres. Des articulations de joie aussi, d’enthousiasme, une succession d’émotions contradictoires, qui vous transporteront dans des univers singuliers, des logiques peu conventionnelles et tellement nécessaires. »
La question que pose Samuel Mathieu est importante : que proposons-nous maintenant si la poésie, la littérature, la danse, le théâtre, le cinéma, la musique, le cirque, les arts plastiques viennent à disparaître de notre paysage ? Le NeufNeuf Festival, c’est ça : le croisement des disciplines, le corps au centre, l’expérience commune, l’essentiel retrouvé, le coup de pied dans la fourmilière.
Depuis 15 ans, ce festival attire amoureuses et amoureux de l’art vivant autour de scènes investies par de grands noms de la danse contemporaine et des artistes émergents : Anne Nguyen, Sylvain Groud, Ana Pi, Danya Hammond, Romain Jarry…
Quels artistes présents cette année, quelles œuvres ? Pour Lisanne Goodhue, l’écriture inclusive est un langage en soi : on la retrouve avec Closure. Pauline Weidmann, qui danse Antres, se dit géographe et travaille sur la diction et la voix. Danya Hammoud a monté un projet de recherche sur le rapport de l’humain à la violence, et performe avec Poreux. Ces projets sont à retrouver le samedi 9 novembre à Martres-Tolosane et ne sont qu’un exemple de la programmation éclectique et pourtant terriblement cohérente du NeufNeuf.
Mon « travail » ici avec Cornée Mag ? Assister aux œuvres, accepter de voir le quatrième mur s’effacer. Je couvrirai plusieurs soirées du NeufNeuf Festival et vous rapporterai fidèlement dans les prochains articles ce qui ne peut pas être rapporté, l’expérience de la danse. Voyez et venez vous-même : le programme est ici.
Débutons le Festival ensemble : le 5 novembre, le public du NeufNeuf sera présent à Librairie Floury Frères à Toulouse et je vous présenterai des livres qui parlent de danse. Je vous y attends !
Marion (she/her) est éditrice et grande lectrice de polars et de romans contemporains. Pour Cornée mag, elle est la rédactrice en chef. Elle est active sur Instagram et TikTok où elle partage sa passion pour le monde éditorial.
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