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Les âmes féroces de Marie Vingtras : grand vainqueur du Prix du Roman Fnac 2024

Mardi 24 septembre, le prix du Roman Fnac 2024 était remis à l’autrice Marie Vingtras avec son roman Les âmes féroces.

Avocate à la cour, Marie Vingtras s’est fait connaître dans le milieu littéraire avec son premier roman, Blizzard, une histoire qui parle d’une mère qui perd son fils au cœur d’une tempête en Alaska. Ce dernier a même reçu le prix des Lecteurs 2022. Aujourd’hui, place à son second roman que j’ai eu la chance de lire et que j’ai dévoré.

Les âmes féroces, Marie Vingtras, Éditions de l'Olivier, 2024.
Les âmes féroces, Marie Vingtras, Éditions de l'Olivier, 2024.

Le mystère de Leo : quand la mort révèle la vérité

Non, la mort ne s’annonce pas, ne laisse pas d’indice et ne fait pas dévier la marche du monde. Ici, la nuit est belle. Belle parce que silencieuse. Belle, parce que la ville est suffisamment isolée pour permettre aux étoiles de se révéler.

C’est dans cette nuit obscure, mais pas complètement noire, que glisse l’ombre de Leo. Oui, on la connaît bien l’ombre de Leo, on la connaît même parfaitement.

« Elle était là hier, elle sera là demain, se disent-ils, parce qu’ici rien ne change… » Et pourtant, derrière l’ombre, c’est tout le corps de Leo qui frémit.

Leo, on sait qu'elle existe, mais pas qui elle est. On peut être shérif et ne pas savoir grand-chose de l’intimité des gens. On peut être voisin et ne pas savoir ce qu’il se passe dans les chaumières d’à côté. On peut être parent et ne pas savoir ce qu’il se passe dans la tête de nos enfants.

C’est à la shérif Lauren Hobler d’annoncer la mort au père. Son absence. Mais comment dire les mots justes ? Expliquer qu’elle n’est plus ? Que sa voix ne se fera plus entendre, que son lit n’accueillera plus la forme de son corps, que ses rêves resteront des rêves, qu’il n’y aura plus personne d’autre pour qui s’inquiéter. Pourtant, il lui faudra bien toquer à la porte, affronter le regard du père et expliquer l’événement indicible.

C’est ainsi qu’on a retrouvé Leo, le corps à moitié dans l’eau : les jambes flottantes et le buste dans les iris sauvages. Mercy était jusqu’alors très calme « avec ses deux clubs de bingo, son association de vétérans et sa shérif qui préfère les femmes ». Mais cette bonne petite ville de 3 974 habitants allait bientôt changer d’ambiance…


Un roman noir qui raconte l’ombre des Hommes

Les âmes féroces ne parle pas que de meurtre. Il raconte surtout la place des femmes dans une société encore trop patriarcale, la valeur que l’on met dans le beau et que l’on enlève dans la laideur, la superficialité des relations et des attentes, l’apparence qui suffit tout en étant loin de pouvoir tout montrer, la passion qui dévore, la haine dans le surplus d’amour, la culpabilité d’être qui l’on est…

Pour Marie Vingtras, ce roman n’est ni un polar ni un thriller. Dans une interview menée par l’Éclaireur Fnac, elle s’exprime sur ce sujet : « Ça commence comme un polar, parce que j’aime bien balader le lecteur. Mais ce n’est pas ça, le sujet. La question “Qui a tué Leo ?” n’est pas forcément au centre du livre. Comme pour Blizzard, je pense que ce qui revient le plus souvent, c’est le terme de roman noir. On aurait pu qualifier ça de roman psychologique, aussi. »

La machine narrative est elle aussi très intéressante. Dans ce roman choral, les chapitres se découpent en saisons. Le printemps donne la parole à la shérif Lauren Hobler, tandis que l’été la donne au professeur Benjamin Chapman, l’automne à Emmy Ellis et l’hiver au père de Leo, Seth.

Dans la suite de l’interview, l’autrice explique pourquoi elle a choisi d’écrire un roman à quatre voix : « pour que chaque voix ait vraiment du temps pour parler et pour s’installer. » Quatre voix avec une personnalité bien différente, des problématiques bien différentes, un passé bien différent. Quatre voix qui révèlent que, dans la petite ville de Mercy, on ne connaît pas si bien ses habitants.


Mon retour personnel

Le roman s’inscrit parfaitement dans l’énergie des Prix du Roman Fnac.

Marie Vingtras a une douce plume poétique et une capacité à entrer dans la tête de ses personnages pour en ressortir ce qu’il y a de plus profond en eux. Elle sait faire vivre, sous une multitude de facettes, la personnalité du shérif, du père, du professeur et de l’amie que l’on découvre au fil des pages et des chapitres.

J’ai particulièrement aimé l’articulation narrative, sa gradation qui nous emmène progressivement vers le pourquoi et surtout le « Qui est Leonora Jenkins ? ». Mais je retiens surtout la justesse de l’écriture. L’autrice n’écrit pas un mot de trop et ne va pas plus loin que ce vers quoi elle veut nous emmener. Tout est savamment dosé et offre un roman que l’on aura plaisir à lire en toute saison.


Anastasia (she/her) est thérapeute et rédactrice indépendante. Elle équilibre son temps entre sa passion pour la psychologie, les maux du corps, et sa passion pour les mots.

Instagram : @aubonheurdesarts

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Le regard sur le monde du livre des 15-25 ans

Cornée est une création de l'agence éditoriale Miralta Édito

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