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Les enfants sont rois : les dérives de la médiatisation des enfants

Dans notre monde où les réseaux sociaux règnent en maîtres, la nouvelle série française Les enfants sont rois offre une réflexion poignante sur un phénomène contemporain troublant : la surmédiatisation des enfants sur Internet. Disponible sur Disney+, cette production en six épisodes, créée par Judith Havas et Victor Rodenbach (connu·es pour leur travail sur la série à succès Dix pour cent), s’inspire du roman éponyme de Delphine de Vigan pour livrer un récit aussi captivant que dérangeant. Portée par un casting remarquable incluant Géraldine Nakache, Doria Tillier et Panayotis Pascot, la série amène les spectateur·rices dans une intrigue qui ne laisse pas de répit.

Affiche de la série Les enfants sont rois sur Disney+.
Couverture du livre Les enfants sont rois de Delphine de Vigan.

La disparition d’une jeune star de YouTube

L’histoire tourne autour de Kimmy, une fillette de 6 ans devenue star incontestable de YouTube grâce à sa chaîne Happy Récré, gérée d’une main experte par sa mère Mélanie (interprétée par Doria Tillier). Le drame se noue lorsque la petite fille disparaît mystérieusement dans le parking de sa résidence, enlevée par une voiture inconnue alors qu’elle pensait jouer à cache-cache avec son grand frère. Une enquête est alors ouverte dans le but de retrouver la petite fille. La cheffe de brigade Sara Roussel (Géraldine Nakache) prend cette affaire à bras le corps et tente de démêler ce nœud de vrais indices et de faux semblants à mesure qu’elle explore les multiples facettes de ce monde virtuel où les enfants deviennent des produits marketing. Au fil des épisodes, la série dévoile une réalité bien moins colorée et amusante que celle présentée dans les vidéos enjouées de Happy Récré. Elle aborde sans détour des sujets sensibles tels que la pression exercée sur les enfants stars, la concurrence acharnée entre créateur·rices de contenu, la présence de prédateur·rices sexuel·les en ligne et la violence des haters sur Internet.

Crédits photo : Disney+

La vie est douce, la vie est belle, la vie est fan-tas-tique

En s’inspirant librement du livre de Delphine de Vigan, la série offre une critique acerbe du marché lucratif qui s’est développé autour des enfants influenceur·euses. Elle fait écho à des chaînes YouTube réelles comme Like Nastya (qui compte plus de 122 millions d’abonné·es) ou celle du duo français Swan et Néo. Le personnage de Mélanie, mère de Kimmy, rappelle inévitablement des figures connues du milieu, telles que Sophie Fantasy au sommet de sa notoriété.

La série met en lumière les nombreux risques liés à la surexposition des enfants sur les réseaux sociaux. Elle souligne comment les vidéos (unboxing ou ouverture de colis, défis, journées dans des parcs d’attractions), généralement en collaboration avec des marques, créent des besoins artificiels chez les jeunes spectateur·rices et perturbent leur perception de la normalité familiale. Elle pose des questions essentielles : comment un enfant peut-il gérer sa vie en la comparant avec ces vies apparemment idylliques ? quel impact cela a-t-il sur la relation parent-enfant ?

Au fur et à mesure des épisodes, nous pouvons aussi nous demander à qui profitent réellement ces vidéos. En fouillant le passé de la mère de Kimmy, il est rapidement mis en avant le désir profond de cette femme d’être sous les feux des projecteurs puisqu’elle a tenté de faire de la télé-réalité, mais a échoué dans ce projet. Mettre son enfant en avant pouvait donc être un moyen détourné d’être dans la lumière. Même si la star de la chaîne est sa fille, elles ne sont pas moins qu’un duo, puisque Mélanie apparaît tout autant sur les vidéos, décide du contenu et profite des revenus engendrés. Une interprétation qui se fait dans la série, mais qui pourrait tout à fait se vérifier parmi les différents comptes d’enfants stars de YouTube…

Un monde sombre

Les enfants sont rois ne se contente pas d’effleurer la surface du problème. Elle aborde de front les aspects les plus sombres de cette tendance tels que les haters. La série montre comment des individus peuvent envoyer des messages de haine extrêmement violents à une mère et sa fille, simplement pour leur présence sur les réseaux sociaux, comme si le simple fait de s’exposer en toute conscience pouvait justifier de tels propos. Mais tout cela nous montre aussi qu’exposer son enfant à la vue de tous·tes n’est pas dénué de risques : derrière les écrans, il y a des personnes qui ne joindront pas le geste à la parole, mais il y a également des individus bien plus dangereux, capables du pire. D’où l’importance de prendre des précautions particulières lorsqu’on affiche des mineur·es sur Internet. Enfin, la série met en avant comment l’information peut aussi dériver puisque l’affaire prend une forte ampleur médiatique au point de mettre en pâture chacun·e des suspect·es sans aucune considération des conséquences.


C’est un grand oui !

Les enfants sont rois s’impose comme une production française de grande qualité. Son scénario captivant, la pertinence de son propos, sa réalisation soignée et ses performances d’acteur·rices remarquables en font une série qui se binge-watchesans s’en rendre compte. Elle réussit un véritable tour de force : divertir tout en provoquant une réflexion profonde sur un sujet d’actualité brûlant qui complète parfaitement celui abordé avec la série Culte.

Au-delà de son aspect divertissant, la série lance un véritable cri d’alarme. Elle invite les spectateur·rices, qu’ils ou elles soient parents, éducateur·rices ou simplement citoyen·nes, à réfléchir aux conséquences de l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux. Elle souligne l’importance de les protéger à l’ère du numérique et rappelle que derrière chaque vidéo virale mettant en scène un·e enfant, il y a une vie réelle, avec ses joies, ses peines et sa vulnérabilité.


Cécile est la chroniqueuse spécialisée dans le cinéma et les séries pour Cornée mag. Quand elle fait une pause sur sa série du moment, elle est conseillère funéraire. Ancienne standardiste, co-animatrice et assistante d’antenne pour des émissions de radios nationales, elle est désormais lancée dans des projets d’écriture et de podcast sur le cinéma.


Et toi, tu as vu la série ?

  • Oui, c'était captivant !

  • Non, mais j'ai hâte de la découvrir maintenant !



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Le regard sur le monde du livre des 15-25 ans

Cornée est une création de l'agence éditoriale Miralta Édito

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