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Photo du rédacteurWendy, chroniqueuse littérature BIPOC

Les livres spooky d’auteur·rices racisé·es à lire cet automne

Si vous consommez Bookstagram comme moi, vous avez certainement remarqué dès le mois dernier, les piles à lire d’automne ou encore les recommandations de lecture spooky. Étant moi-même productrice de contenus pour mon podcast, je me suis dit qu’il fallait suivre la tendance. Et en passant devant les rayons en librairie, je me suis posé cette question : où sont les livres spooky écrits par des personnes racisées ?

Renaud Layet, libraire à la librairie Série B, spécialisé dans le polar, la science-fiction et la fantasy à Toulouse, estime qu’il y aurait chaque année une dizaine de polars/thrillers écrits par des auteur·rices racisé·es. À savoir que l’édition de ces genres littéraires est plus rare que pour la littérature générale. D’après une étude de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture, 12,8 % des publications des maisons d’édition d’Occitanie étaient rangées dans la catégorie roman noir/polar en 2023, contre 46,5 % en littérature.

J’ai mené l’enquête et j’ai demandé à Renaud Layet, mais aussi à Léanne Mazenc-Noulhac, libraire à la librairie Paysages Humains à Toulouse, quelques recommandations de livres spooky d’auteur·rices racisé·es.


Les titres présentés par Renaud Layet de Série B

N’aie pas peur du faucheur de Stephen Graham Jones, paru le 2 octobre 2024 aux éditions Rivages

N’aie pas peur du faucheur, de Stephen Graham Jones, paru le 2 octobre 2024 aux éditions Rivages

« Dans ce roman, qui reprend des personnages de son livre Mon cœur est une tronçonneuse (2023), l’auteur amérindien joue beaucoup avec les codes du slasher [ndlr : un sous-genre cinématographique du film d’horreur], donc il y a un côté très ciné. On suit une survivante qui a réussi, dans le livre précédent, à échapper à des massacres typiques que l’on peut retrouver dans les films comme Scream ou encore Vendredi 13, justement parce qu’elle regarde beaucoup de films du genre. Et cette fois-ci, elle va être confrontée à un tueur, qui a jusque-là réussi à échapper à la justice parce qu’il se joue des codes et des clichés des films d’horreur. Mais l’héroïne va reconnaître son mode opératoire dans un crime qui a l’air, au premier abord, anodin. C’est très cool, notamment pour les fans de films d’horreur parce qu’il y a beaucoup de références. Ça joue aussi avec leurs attentes et ce qu’ils ont l’habitude de voir. Je trouve que Stephen Graham Jones a réussi à sortir des clichés en termes de personnages, ils sont plus humains, plus approfondis. »


Nous sommes la crise de Cadwell Turnbull, paru le 10 octobre 2024 aux éditions L’Atalante

Nous sommes la crise de Cadwell Turnbull, paru le 10 octobre 2024 aux éditions L’Atalante

« C’est la suite de Ni dieux ni monstres, paru le 25 avril 2024. Dans cette série, on suit une jeune afro-américaine qui apprend que son frère a été abattu par la police. Elle arrive à mettre la main sur une vidéo de l’arrestation et elle se rend compte que son frère était un loup-garou. Il a été abattu sous sa forme animale et il a repris son apparence humaine une fois mort. Pour elle, ça n’a aucun sens, ce n’est pas un truc de famille. Donc elle essaye de retrouver des ami·es de son frère pour essayer de comprendre, puisque ça fait des années qu’elle ne l’a pas vu.

C’est la figure classique du loup-garou, mais dans l’Amérique d’aujourd’hui, et ça va permettre de traiter beaucoup de choses : la question raciale ou encore la gentrification.  C’est très riche et assez dur, notamment sur l’aspect psychologique. On croise des personnages qui sont vraiment abîmés par la vie. Il y a un côté tragique, mais très humain aussi.

Ce qui est bien quand on a des auteur·rices qui viennent d’autres milieux, d’autres cultures, ils peuvent amener un truc qu’on n’a pas déjà lu 25 000 fois. »


Les titres présentés par Léanne Mazenc-Noulhac de Paysages Humains

La règle du crime de Colson Whitehead, paru le 25 septembre 2024 aux éditions Albin Michel

La règle du crime de Colson Whitehead, paru le 25 septembre 2024 aux éditions Albin Michel

« On suit un personnage qui apparaît déjà dans son livre précédent, Harlem Shuffle (2023), mais il peut se lire indépendamment. Ça se passe dans le New York des années 70, dans une ambiance qu’on a déjà vue dans des films, avec plein d’ordures au-dessus des bouches d’égout, un côté un peu sombre avec des rues gangrénées par la mafia, par la prostitution, etc. Il y a des problématiques de lutte pour les droits civiques, c’est aussi la période de la blaxploitation [ndlr : un courant culturel et social dans le cinéma américain des années 1970 qui a revalorisé l’image des Afro-Américains dans des rôles de premier plan]. Des sujets abordés en fond de polar avec un peu d'humour ! »


Lanvil emmêlée de Michael Roch, paru le 17 octobre 2024 aux éditions La Volte

Lanvil emmêlée de Michael Roch, paru le 17 octobre 2024 aux éditions La Volte

« Michael Roch écrit en utilisant le créole. C’est une grosse spécificité du texte. L’auteur a écrit le livre Té Mawon, sorti en librairie en mars 2022, qui déjà soulevait beaucoup de questions autour de la créolité, la langue créole, etc. Lanvil emmêlée est un recueil de nouvelles dans lequel Michael Roch réutilise le même univers et la même langue. Il y a une espèce de tension sociale avec des bandes, du crime ou encore de la vengeance qui fait qu’il y a une bonne touche de polar. C’est toute une expérience qui soulève la question de l’origine. »


La fertilité du mal d’Amara Lakhous, paru le 2 octobre 2024 aux éditions Actes Sud

La fertilité du mal d’Amara Lakhous, paru le 2 octobre 2024 aux éditions Actes Sud

« C’est un roman policier qui se passe à Oran, en Algérie. L’histoire commence le 5 juillet 2018, jour de fête de l’indépendance. Un événement va faire écho aux problématiques des anciens services de renseignement, ça implique un ancien combattant du Front de libération nationale retrouvé mort.

Ça tire tous les fils de l’histoire de l’Algérie. Il y a un côté très contemporain, mais ancré dans une histoire hyper chargée, avec un regard sur la colonisation. Ce que j’aime c’est que l’auteur réussit à nous plonger en Algérie. On est dans le quartier où débute la fête, on sent l’effervescence et on entend les bruits dans la rue. Le fait de voir l’histoire se dérouler à travers les yeux du personnage principal permet vraiment de vivre l’histoire. »


Je ne sais pas vous, mais la fan de Teen Wolf que je suis est attirée par les livres Ni dieux, ni monstres et Nous sommes la crise de Cadwell Turnbull. On retrouve ce côté enquête, le fait de faire justice soi-même et le côté fantastique. Le petit plus qui me donne envie ? Le traitement des questions raciales.


Wendy est la chroniqueuse spécialisée en littérature BIPOC pour Cornée mag. Elle est journaliste, acheteuse compulsive de livres et productrice du podcast Litté'Racisée. Un podcast qui met en lumière les expériences des minorités à travers les littératures racisées.


Et toi, quelle lecture spooky te tente le plus ?

  • N’aie pas peur du faucheur de Stephen Graham Jones

  • Nous sommes la crise de Cadwell Turnbull

  • La règle du crime de Colson Whitehead

  • Lanvil emmêlée de Michael Roch


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Le regard sur le monde du livre des 15-25 ans

Cornée est une création de l'agence éditoriale Miralta Édito

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