Lire pour comprendre : quand le burn-out entre dans la fiction
- Anastasia, chroniqueuse bien-être
- 31 oct. 2024
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 janv.
Burn-out et littérature : la fiction allège le poids du réel
Cela fait plusieurs années que le burn-out devient une problématique majeure et croissante dans le monde du travail. On le voit, on le lit et on l’entend sur toutes les bouches. Rien qu’avec les personnes que j’accompagne, je le remarque : 8/10 d’entre elles ont déjà vécu un burn-out et au moins 5 sont encore dedans.
Et inutile de lire des études pour comprendre que le bien-être au travail (tout comme dans la vie personnelle) est essentiel pour prévenir du burn-out. Mais face à un environnement toujours plus exigeant et stressant, comment ne pas se retrouver submergé·e ? Et comment cultiver ce fameux « bien-être » essentiel dont tout le monde parle ?
Avant d’avancer plus loin, laisse-moi te rappeler brièvement ce que l’on entend derrière le terme de burn-out, aussi connu sous le terme d’épuisement professionnel. Il se caractérise notamment par une fatigue physique, mentale et émotionnelle intense, avec une perte de motivation et de performance, et il est causé par un stress prolongé au travail. Et s’il survient en milieu professionnel, il impacte également la sphère privée.
Il y a de nombreux livres qui pourront t’accompagner dans ce parcours difficile. Je pense notamment à Les rescapés du burn-out de Philippe Zawejia qui en parle sous format BD ou encore un classique d’Aude Selly, Autopsie d’un burn-out, qui ne manquera pas de répondre à tes questions.

Le burn-out à travers la fiction : analyse du livre Le burn-out de Sophie Kinsella
Pour cet article, j'ai choisi l’angle de la romance feel good pour décrypter le burn-out. Car OUI, les livres de bien-être offrent une source précieuse de conseils et d’inspiration pour prévenir et surmonter cette condition.
Avec Le burn-out, paru en juin 2024, Sophie Kinsella mêle avec douceur et humour un sujet d’une réalité douloureuse. Aussi, je me poserai avec toi ces deux questions :
Comment la littérature traduit-elle le poids invisible du burn-out dans ses récits et ses personnages ?
Est-il possible pour la fiction de capturer l’expérience complexe du burn-out ?
Vers la descente aux enfers
Le burn-out de Sophie Kinsella, ça raconte l’histoire de Sasha, qui travaille en tant que directrice des promotions spéciales pour Zoose, une application de voyage réputée qui trouve instantanément les bons itinéraires et les billets à des prix imbattables. Sauf que voilà, la fiche de poste n’est cool que sur papier, et si elle se réveillait les premiers temps en se disant qu’elle avait de la chance et se sentait privilégiée, les choses ont progressivement changé vers le bord opposé. Elle l’exprime ainsi : « C’est comme si j’étais coincée dans une sorte de tunnel dont il m’est impossible de sortir. Je n’ai qu’une solution : continuer à avancer. »
Sasha n’envisage donc même pas la possibilité de faire une pause, poser un arrêt maladie, changer de métier, dire stop. Tous les jours, il y a trop de mails, trop de réunions, trop de retard qui s’accumulent – notamment à cause de personnes parties et non remplacées –, alors comment penser ne serait-ce qu’à prendre des vacances ? Elle n’a même plus de vie privée : le soir, elle achète toujours le même repas, se pose toujours devant le même film et répond à tous ces mails en retard. Finalement, Sasha est dans un cercle vicieux où elle ne quitte jamais vraiment le travail.
Et quand elle tente d’alerter les dirigeants de la société, dont Joanne, la coach en autonomisation et bien-être, elle n’est pas écoutée. On lui reproche de ne pas bien remplir son tableau d’objectifs, de ne pas y consigner ses moments d’épanouissement de la journée et, donc, de ne pas prendre soin d’elle.
Puis un jour, c’en est trop. Un infime événement (comme c’est souvent le cas) fait déborder la coupe déjà pleine de Sasha, et la jeune femme s’enfuit… direction le couvent. Pour elle, le seul moyen de sortir de ce cauchemar est de devenir nonne. Mais les choses ne se passeront pas comme prévu (et tant mieux). Sa mère et sa sœur, inquiètes pour elle, l’envoient à Rilston Bay, une station balnéaire où elle passait ses vacances plus jeune. Le programme ? Repos, détente, plaisir et LÂCHER-PRISE !
Objectif : se reconcentrer et se reconnecter à ce qui fait du BIEN
Dans la valise et dans le sac de Sasha, que retrouve-t-on ?
un programme pour se sentir bien en vingt étapes ;
un bullet journal acheté il y a un an pour mieux s’organiser au travail… et qui n’a jamais été d’une grande utilité ;
toute une gamme de stylos gel, de surligneurs et de stickers ;
un tapis de yoga et un hula-hoop lesté.
Et dans la tête de Sasha ? Une forme d’excitation face à la nouveauté qui s’offre à elle et un peu d’inquiétude.
Dans la seconde moitié du livre, on voit comment Sacha s’applique à respecter les mesures du programme de bien-être en vingt étapes. Mais ce n’est pas aussi simple de se connecter à la nature environnante et de l’écouter quand on a du mal à s’écouter soi-même.
En fait, dans son livre, Sophie Kinsella met en avant quelque chose de récurrent dans le milieu du développement personnel et qui peut devenir problématique : une personne qui vit un épuisement professionnel et/ou personnel (burn-out, dépression, déprime…) doit être en mesure de se reposer et de répondre à ses besoins primaires dans un premier temps : dormir, boire et manger. Et non de faire autre chose.
Progressivement, Sasha va se détendre et apprécier ces moments de repos, tout en lâchant le contrôle. Son corps n’est plus en « mode survie » et elle reprend goût à la vie. Elle va se remettre à créer du lien avec les personnes qui l’entourent, prendre le temps de comprendre ce qu’il s’est passé à Zoose, écrire sans filtre ce qui lui passe par la tête dans son bullet journal pour extérioriser.
Elle va aussi parler de son burn-out et avoir en face d’elle quelqu’un dans une situation similaire. C'est vraiment tout cela qui l’aidera à prendre du recul sur la situation qu’elle vit.
La place de l’humour dans le roman
Tout au long de son roman, Sophie Kinsella utilise humour et ton léger pour raconter l’histoire de Sasha et son burn-out. Je pense que la force de ce genre de livre réside justement dans cette légèreté. Pourquoi ? Parce que lorsqu’une personne vit un épisode de burn-out, elle n’est plus en capacité de se concentrer. Autant te dire que lire est une activité très difficile pour elle et qu’il ne faut pas, en plus, lui mettre quelque chose de trop compliqué entre les mains.
« Ma vie part un peu en vrille ces temps-ci. Je tricoterai des pulls. Je chanterai des psaumes. Je balayerai le sol. Tout ce qu’il faudra. Je vous en prie. » On retrouve ici l’humour dans le cliché et dans les aberrations que Sasha exprime. Pourtant, cela met aussi l’accent sur son désespoir : elle est prête à tout pour sortir de l’engrenage dans lequel elle est avec Zoose, quitte à se convertir et donner sa vie à Dieu. Tout cela est lourd de sens et c’est un vrai appel à l’aide que son entreprise n’a pas su entendre (ou voulu), à l’inverse de son entourage.
Point clés et réflexions
Tu te rappelles ces 2 questions que j’avais posées en début d’article ? Je pense que nous y avons bien répondu.
Tout d’abord, OUI la littérature est en mesure de traduire le poids du burn-out par l’histoire de ses personnages. Que ce soit à travers de la BD, des témoignages, des essais ou des romans feel good, le fil rouge reste le même : parler de l’épuisement professionnel.
En revanche, je pense que la fiction n’est en mesure de capturer qu’un échantillon de ce que peut vivre une personne victime de burn-out. Différentes formes de ce syndrome existent, et celui-ci impacte l'individu différemment selon son histoire personnelle. De même, les solutions pour s’en sortir sont à personnaliser. On ne peut pas attendre de la littérature qu’elle soigne, mais on peut attendre d’elle qu’elle s’exprime sur ces sujets. Ce qu’elle fait très bien.
Si tu souhaites en savoir plus sur le burn-out, ses différentes formes, ses symptômes, ses causes et ses conséquences, ainsi que sur les stratégies de prévention et de récupération, je te renvoie sur mon blog : Le burn-out : Comprendre, prévenir et surmonter l’épuisement professionnel. Tu y trouveras également les témoignages de personnes victimes du burn-out !
Anastasia est thérapeute et rédactrice indépendante. Elle équilibre son temps entre sa passion pour la psychologie, les maux du corps, et sa passion pour les mots.
Instagram : @anastasia.lobbe
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