Cela fait plusieurs années que je suis jurée du Prix du Roman Fnac, et j’ai apprécié de pouvoir vivre ce beau moment, entourée des différents acteurs du monde du livre.
L’accueil se fait devant les grandes portes de la Fnac des Ternes, à Paris, le mardi 24 septembre. Il est 19 h. Une petite foule est déjà présente. On y voit des personnes se retrouver, d’autres se rencontrer. L’odeur des livres est partout.
Des néons jaunes aux couleurs de la Fnac dressent le chemin qui nous mène au cœur de l’événement. Il faut prendre les escalators, traverser le rayon jeunesse pour enfin arriver là où s’inscrit pour la 23e année la remise du Prix Fnac.
Les 4 finalistes en lice
Le jour où l’on découvre l’heureuse lauréate et participons à la remise du Prix du Roman Fnac 2024 est enfin là ! Et pour cette 23e édition, nous retrouvons parmi les finalistes :
- Viola Ardone avec Les merveilles (Albin Michel). Un roman qui nous plonge au cœur de l’Italie du XX siècle, dans ce « monde-à-moitié », ce monde de fêlés, là où Elba est née et où sa mère est internée. Les merveilles, ça raconte la vie dans un asile psychiatrique italien des années 1980. Ça raconte l’histoire de ces femmes qui y sont internées seulement parce qu’elles sont en dehors des codes de la société d’alors. Pourtant, dans ce monde-là, subsiste un espace de poésie, de douceur et d’amour.
- Delphine Minoui avec Badjens (Seuil). Un roman d’apprentissage dont la narration s’articule sous forme de monologue intérieur. Nous sommes en octobre 2022 à Chiraz, en Iran. Faisant face à la foule des manifestants de la révolte « Femme, Vie, Liberté », une jeune adolescente iranienne, Zahra, va peu à peu laisser les souvenirs l’envahir. Et si la clé pour son émancipation se trouvait dans le secret de son surnom Badjens ?
- Bérénice Pichat avec La Petite Bonne (Les Avrils). Un récit en huis clos qui nous plonge dans les années 1930. « La petite bonne », comme on l'appelle, est au service de familles bourgeoises. Parmi elles, les Daniel, dont le mari est un ancien pianiste, gueule cassée de la bataille de la Somme. Lorsque sa femme part un week-end à la campagne, elle se retrouve seule, chargée de s’occuper de Monsieur. Et ce dernier a un projet bien en tête…
- Marie Vingtras avec Les âmes féroces (éditions de l’Olivier). Un roman qui gratte les couches pour révéler ce qui se cache derrière les apparences. C’est le printemps et Leo devrait être rentrée. Pourtant, elle ne reviendra pas. La shérif Lauren Hobler retrouve son corps au milieu des iris sauvages. Il n’y a plus trace de vie. Et il est temps d’élucider le mystère…
Marie Vingtras, grande lauréate !
C’est avec joie que l’on apprend que Marie Vingtras est l’heureuse lauréate du Prix du Roman Fnac 2024 avec Les âmes féroces, son second roman.
Née à Rennes en 1972, Marie Vingtras est avocate à la Cour. Elle fait ses premiers pas dans le milieu littéraire avec son premier roman, Blizzard, qui avait déjà bien fait parler de lui et reçu le Prix des libraires 2022. Ce livre nous emmène en Alaska, là où le blizzard fait rage, là où la perte sera immense, là où la douleur permettra la lutte. En effet, ce jour-là, il aura fallu d’une main lâchée et quelques secondes d'inattention pour que le petit garçon de Bess disparaisse. S’enchaîne alors une course effrénée contre la mort.
Aujourd’hui, c’est pour son livre Les âmes féroces que Marie Vingtras est mise en lumière. Un roman paru il y a un mois, le 19 août dernier, et qui, déjà, reçoit tous les honneurs.
Place au discours et à la remise du prix
Le rayon des jeux de société est momentanément remplacé par une scène où s’érige un piano et l’espace est délimité par des grandes toiles fines sur lesquelles sont inscrits à l’encre noir les mots de Les âmes féroces. Il est 19 h 30. Plus que minutes avant que le présentateur ne prenne le micro et invite Enrique Martinez, le président directeur général du groupe Fnac-Darty, à prendre la parole. « C’est une année spéciale, souligne-t-il d’emblée, car c’est aussi celle des 70 ans de la Fnac. » Il remercie ensuite le travail de son équipe, des libraires et des lecteur·rices amateur·rices qui ont permis de faire exister cette soirée.
C’est ensuite au tour de Jean-Baptiste Andrea de monter sur scène. Lauréat 2023 du Prix du Roman Fnac avec Veiller sur elle, il envoie à Marie Vingtras un sage conseil, celui de profiter « parce qu’avoir un tel soutien des libraires, ça dit quelque chose du livre. Il faut regarder ça avec des yeux émerveillés. »
Puis c’est sous une foule d’applaudissements que Marie Vingtras est, à son tour, invitée à venir sur scène. Quelle émotion pour celle qui voit toujours ses parutions littéraires accueillies sous les honneurs et les critiques positives. Ses mots sont les suivants :
« Ce mélange d’adhérents et de libraires est d’une grande sincérité parce que les adhérents se moquent bien de savoir quelle maison d’édition a publié le livre, si c’est un premier, deuxième ou troisième roman, si l’auteur est connu ou pas… La question, c’est plutôt : est-ce que j’ai aimé le livre ou pas ? Donc il y a quelque chose de tellement sincère et tellement — je vais oser le mot — pure, que c’est très beau. Je suis très émue. Après le prix des libraires qui m’avait déjà bien retournée, avoir le prix Fnac… […] C’est un prix magnifique et c’est un merveilleux cadeau, car mon livre est sorti il y a un mois. »
Lorsque l’animateur la questionne sur son prochain roman et le lieu où il se passera, Marie lui répond :
« L’Amérique j’y ai déjà été dans le premier roman, j’y retourne là. Je vais essayer d’en partir, parce j’ai l’impression que c’est un peu un problème de continuer d’écrire sur l’Amérique, mais en même temps, c’est ma terre de fiction, c’est là que je pioche mes gourmandises, des éléments qu’on a tous dans notre imaginaire. Et puis, c’est aussi une terre qui est à la fois absolument fascinante et absolument terrifiante. Pour l’instant je cherche une terre de fiction équivalente. »
Quoi qu’il en soit, on sait déjà à l’avance quelle sera la couleur de son prochain roman. Si Blizzard ramenait le blanc avec lui, et Les âmes féroces le noir, le suivant ramènerait le gris : « Peut-être un peu plus gris, il y aura quelque chose de moins évident. »
Quelque chose me dit que Marie Vingtras n’a pas fini de nous surprendre. J’ai déjà hâte de voir ce que le suivant nous proposera !
Clôture de la soirée avec la chanteuse Clara Ysé
Après un temps de pause qui permet d’échanger avec les personnes présentes, mais aussi de découvrir les 30 livres sélectionnés à l’origine, c’est la voix grave, éraillée et profonde de Clara Ysé qui nous rallie vers le devant de la scène. Un moment magique où les mots deviennent poésie et la musique pure sensation.
Anastasia (she/her) est thérapeute et rédactrice indépendante. Elle équilibre son temps entre sa passion pour la psychologie, les maux du corps, et sa passion pour les mots.
Instagram : @aubonheurdesarts
Comentarios